Travailler dans un musée, c’est sortir du protocole théâtral qui consiste à livrer au public un produit clé en main dans un rapport scène-salle convenu. Il s’agit pour nous d’inscrire la parole poétique au cœur d’un lieu offrant une déclinaison infinie de supports de lecture et d’écriture : intérieurs, extérieurs, lumières, obscurités, transparences, traces, mémoires, matériaux anciens et contemporains, lignes de fuite et perspectives, recoins, vastitudes, permettent des résonances multiples et font du musée une invitation au voyage dans le temps et dans l’espace propice à l’interrogation poétique contemporaine.
L’action envisagée devait donc, dans l’idéal, s’inscrire dans la durée, donnant au public le sentiment du temps, du mouvement, de la progression d’un travail en élaboration… à l’instar du cours du fleuve. L’idée étant d’inviter le public à assister à la vie d’une création, de sa naissance à son aboutissement.
Ainsi avons-nous élaboré avec le Musée Départemental de l’Arles Antique, un véritable projet au long cours, un compagnonnage de 6 mois et demi, se traduisant par une résidence artistique adossée à l’exposition temporaire du MDAA : Camargue, archéologie et territoire.
De décembre 2015 (date de l’inauguration de l’exposition) à juillet 2016, un processus de recherche et de création s’est déroulé, associant régulièrement le public par des sorties de chantier. La résidence a ainsi été jalonnée de Lectures Fluviales, d’Ateliers, et s’est clôturée par un spectacle : « Les Voyageurs Nocturnes » représenté à deux reprises à l’occasion de la journée « Vivez le fleuve », événement co-organisé par le MDAA, le Citron Jaune, le CPIE Rhône-Pays d’Arles et Chantiers Nomades.