création au Trente à Vienne du 30 novembre au 3 décembre 2012 – mise en scène Michel Tallaron assisté de Marianne Salmon – à partir d’un texte de Tarjei Vesaas in La barque le soir adapté par Marie Frering – avec Béatrice Jeanningros, Lucile Paysant, Isabelle Randrianatoavina – musique Alexis Ciesla – Vidéo Bertrand Louis – Lumières Magali Larché – technicien son Julien Jourdy
Un marécage. Nu.
Tôt le matin. En attente.
La terre a gémi doucement, il y a des craquements dans la croûte de neige. Qu’est-ce que je vais faire ici, si tôt le matin, avec l’air empli d’un goût de glace…
Voir, seulement voir. Chercher des choses importantes. C’est pour cela. L’œil scrute dans la brume ensoleillée, et se multiplie avec la multitude de petites flaques d’eau où se reflètent le ciel et le vol des oiseaux migrateurs.
Est-ce que je rêve cela ? Constate que je marche ici, que tout ce que je vois et ressens est vrai. La grue danse maintenant. La grue danse à présent. Le marécage a pris un sens nouveau, une dignité cachée. La grue danse.
Elles sont beaucoup plus près qu’avant dans leur danse raide, solennelle mais provocante et farouche. Voir cela. Voir cela une fois, puis plus jamais. Des tressaillements dans le corps. Des tressaillements, des frissons.
Je vois la danse. Elle raconte ma fièvre. L’incroyable arrive là-bas. Quel objet sera plus fascinant qu’un œil scrutant un autre œil. Pas vraiment une histoire. Une attente, et un dénouement.
Le marécage, lieu du pourrissement et de germinations invisibles, déclenche la lumière en un éclair. L’événement. L’horizon est lumière.Cela agit tel un haïku. Trois femmes les yeux grands ouverts, sombres jusqu’au bord. (Michel Tallaron, septembre 2012)